Muscles postérieurs de la cuisse

Trois des quatre muscles de la région postérieure de la cuisse sont les ischio-jambiers ou muscles du jarret : (1) le semi-tendineux, (2) le semi-membraneux et (3) le biceps fémoral (chef Muscles postérieurs de la cuisse long). Les muscles ischio-jambiers partagent certaines caractéristiques communes :

  • Une insertion proximale sur la tubérosité ischiatique, à la face profonde du muscle grand fessier.
  • Ils s'étendent sur deux articulations et sont fonctionnellement bi-articulaires : ils sont extenseurs de la hanche et fléchisseurs du genou.
  • Ils sont innervés par la division tibiale (n. sciatique poplité interne) du nerf sciatique.

Le chef long du muscle biceps répond à tous ces critères, mais son chef court, le quatrième muscle de la région postérieure, présente quelques exceptions. Les muscles ischio-jambiers doivent leur dénomination anglaise (hamstrings) à la pratique courante consistant à suspendre les jambons (cuisses de porc) pour les sécher ou les saler au moyen d'un crochet passé autour de leurs tendons. D'où également l'expression « hamstringing the enemy » qui signifie entailler ces tendons sur les côtés latéral et médial du genou.

Les deux actions des muscles ischio-jambiers ne peuvent pas être exécutées complètement en même temps : une flexion complète du genou nécessite un raccourcissement trop important des muscles ischio-jambiers pour qu'ils soient encore capables de se contracter davantage pour étendre complètement la cuisse ; de même, une extension complète de la hanche raccourcit tellement les ischio-jambiers qu'ils ne peuvent plus agir sur le genou. Lorsque les cuisses et les jambes sont fixes, les muscles ischio-jambiers peuvent participer à l'extension du tronc au niveau des articulations de la hanche. Ils étendent activement la cuisse dans toutes les situations, sauf lors de la flexion complète du genou, y compris dans le maintien d'une station debout relâchée (au repos). Une personne dont les muscles ischio-jambiers sont paralysés tend à tomber vers l'avant car les muscles grands fessiers ne peuvent pas maintenir un tonus musculaire suffisant pour assurer son maintien en position debout.

Les ischio-jambiers sont les muscles extenseurs de la hanche dans la marche sur terrain plat, tandis que le muscle grand fessier n'exerce dans ces conditions qu'une activité minimale.

Toutefois, plutôt que d'être responsables d'une extension de la hanche ou d'une flexion du genou proprement dites pendant la marche normale, les muscles ischio-jambiers sont les plus actifs lorsqu'ils se contractent de façon excentrique pour résister (en décélérant) à la flexion de la hanche et à l'extension du genou à la fin de la phase oscillante (entre le milieu de cette phase et le choc du talon).

La longueur des muscles ischio-jambiers est variable, mais c'est habituellement une question de condition physique. Chez certaines personnes, ils ne sont pas assez longs pour leur permettre de toucher leurs orteils lorsque les genoux sont étendus. Des exercices réguliers d'élongation peuvent allonger ces muscles et leurs tendons.

Pour tester les muscles ischio-jambiers, le patient fléchit la jambe contre résistance. S'ils fonctionnent normalement, ces muscles et plus spécialement leurs tendons qui bordent la fosse poplitée - doivent faire saillie sous la peau pendant le mouvement de flexion du genou.

Muscle semi-tendineux

Comme l'indique son nom, ce muscle est semi-tendineux. Le semi-tendineux possède un long corps charnu fusiforme, habituellement interrompu par une intersection tendineuse, et un long tendon en forme de cordon qui commence aux deux tiers inférieurs de la cuisse. Distalement, le tendon se fixe sur la face médiale de la partie supérieure du tibia et entre dans la constitution de la patte d'oie avec les tendons d'insertion des muscles sartorius et gracile.

Muscle semi-membraneux

Le semi-membraneux est un gros muscle bien nommé étant donné la forme membraneuse aplatie de son tendon d'insertion proximal sur la tubérosité ischiatique. Le tendon distal du muscle se constitue aux environs du tiers moyen de la cuisse et descend en direction de la partie postérieure du condyle médial du tibia. Il se divise distalement en trois parties : (1) un tendon direct pour la face postérieure du condyle médial du tibia, (2) un tendon récurent qui s'unit au fascia poplité et (3) un tendon réfléchi qui renforce la partie intercondylaire de la capsule articulaire du genou et forme le ligament poplité oblique.

Lorsque le genou est fléchi à 90°, les tendons des muscles ischio-jambiers médiaux (semi-tendineux et semi-membraneux) passent sur le côté médial du tibia ; dans cette position, leur contraction (en synergie avec celle des muscles gracile, sartorius et poplité) produit une rotation médiale limitée (environ 10°) du tibia au niveau de l'articulation du genou. Les deux muscles ischio-jambiers médiaux ne sont pas aussi actifs que l'ischio-jamier latéral, à savoir le muscle biceps fémoral qui est la « bête de somme» de l'extension de la hanche (Hamill et Knutzen, 1995).

Muscle biceps fémoral

Comme son nom l'indique, ce muscle fusiforme comprend deux chefs : un chef long et un chef court. Le chef long devient tendineux dans la partie inférieure de la cuisse où il est rejoint par le chef court. Leur tendon commun arrondi se Fixe sur la tête de la Fibula ; il peut être aisément observé et palpé à l'endroit où il franchit le genou, surtout si la jambe est fléchie contre résistance. Après être descendu de la région glutéale dans la région postérieure de la cuisse, le chef long du muscle biceps fémoral croise et protège le nerf sciatique.

Lorsque le nerf sciatique se divise en ses branches terminales, la branche latérale (nerf fibulaire commun) reste en relation avec le tendon du biceps.

Le chef court du muscle biceps fémoral prend son origine sur la lèvre latérale du tiers inférieur de la ligne âpre et sur la crête supracondylaire latérale du fémur. Tandis que les muscles ischiojambiers partagent une innervation commune par la division tibiale du nerf sciatique (n. sciatique poplité interne), le chef court du biceps est innervé par la division fibulaire de ce nerf (n. sciatique poplité externe). En raison de cette différence d'innervation, une blessure affectant un nerf de la région postérieure de la cuisse peut paralyser l'un des chefs du muscle et pas l'autre.

Lorsque le genou est fléchi à 90 °, le tendon du muscle ischiojambier latéral (biceps) et le tractus ilio-tibial passent au côté latéral du tibia. Dans cette position, la contraction des muscles biceps fémoral et tenseur du fascia lata produit une rotation latérale du genou d'environ 40°. La rotation du genou fléchi est particulièrement importante dans la pratique du ski alpin.

Résumé récapitulatif
Bien que leur puissance ne représente que les deux tiers de celle du muscle grand fessier, les muscles ischio-jambiers sont les principaux extenseurs de la jambe impliqués dans la marche normale. Ce sont des muscles bi-articulaires et leur contraction concentrique produit soit l'extension de la hanche, soit la flexion du genou. Au cours de la marche, c'est surtout leur contraction excentrique qui est active pour décélérer la flexion de la hanche et l'extension du genou en fin de phase oscillante. Les muscles ischio-jambiers sont également rotateurs du genou lorsqu'il est fléchi. En cas de résistance accrue à l'extension de la hanche ou si une extension plus vigoureuse est requise, l'intervention du muscle grand fessier est sollicitée.